
Peu de temps après arrivent d’autres avions, ceux-ci remorquent des planeurs ; ces derniers sont attachés aux premiers par une grosse corde. A un moment donné celle-ci se détache du planeur qui s’en va atterrir au hasard. Beaucoup atterrissent dans le marais de Boutteville et de Turqueville.
Les hommes ont parfois de l’eau jusqu’au cou mais gagnent quand même la région de Turqueville où il y a encore de la résistance, cette dernière durera jusqu’au soir. L’école a été brûlée, un civil et mort de peur.
Les combats s’éloignent et gagnent la « Côte de Foi »sur la route Blosville Ste Mère Eglise, puis Ste Mère Eglise où les Américains essuient un grand nombre de pertes.
Pour Boutteville, c’est la circulation incessante de matériels et de véhicules de la croix rouge qui transportent les blessés à un bateau hôpital qui attend en mer pour les transporter en Angleterre
A Boutteville il y a eu environ une centaine de tués allemands. L’officier Lid et son ordonnance ont été faits prisonniers.
Dans la région, il y a eu un certain nombre de victimes civiles, tuées ou blessés surtout à cause de leur imprudence. A Brucheville, pendant les bombardements de nuit, lors de l’arrivée américaine, un père et son fils ont regardé par une lucarne ; le père a reçu une balle en plein front et le fils a eu le visage fracassé par un éclat d’obus.
Fiche de décès d’un civil français établie à l’hôpital américain de Boutteville
Cette fiche accompagnait le corps.
Dans le village, les routes sont sillonnées par des véhicules divers chargés d’hommes et de matériel. Les habitants doivent aller à Blosville pour se ravitailler. Ils croisent sur leur chemin un défilé incessant de véhicules de tous genres, de camions Dodges, de jeeps, GMC etc.
Le débarquement de soldats noirs traversant le village crée une certaine surprise parmi les villageois.
Ce défilé continue indéfiniment ; c’est un bourdonnment incessant, assourdissant. Les habitants ont peine à circuler sur les accotements, il est impossible de circuler sur la route ; c’est un nuage de poussière. Chose étrange, malgré cet interminable défilé ,il n’y a pas un seul accrochage à déplorer.
Mais bientôt revenus de leur assourdissement les habitants se rendent compte qu’une nouvelle occupation commence.Celle ci est plus agréable à supporter. La croix rouge vient organiser un cantonnement à proximité du village.
L’école est réquisitionnée pour établir un bureau et on installe une batterie d’artillerie à proximité. Aux premiers coups tirés sur Montebourg, tout le monde a très peur, tout tremble, tout résonne ; les habitants passent une très mauvaise nuit : l’artillerie tonne des heures entières sans discontinuer. Les avions ennemis viennent repérer cette batterie sans toutefois bombarder
Tous les habitants tremblent de peur, pendant ce temps le convoi de véhicules continue de déverser sur la région des tonnes de matériel. Des nuées d’avions bourdonnent sans cesse dans le ciel : ce sont des bombardiers qui passent.
Par une personne qui a été appelée par les autorités américaines et qui a passé la nuit sur la plage de Sainte Marie du Mont, les habitants apprennent que le débarquement s’étend depuis sous Boisguillot jusqu’à la plage de Saint Martin de Varreville. On ne voit plus la mer tant il y a de bateaux de tous genres, cela s’étend jusqu’aux Iles Saint-Marcouf tandis qu’à l’horizon des torpilleurs protègent le débarquement.
Chaque jour le défilé interminable des voitures se poursuit : il n’y a pas d’interruption ; des voitures légères avec remorque transportant des officiers et leurs bagages,des camions de munitions,des camions pleins de soldats, des grues, des canons ; tout cela défile, défile sans arrêt.
Vers la mi-juin, les troupes américaines doivent essuyer des raids de l’aviation allemande. Ces avionssont pourchassés par les appareils américains qui réussissent à abattre quatre avions ennemis dans les environs de Boutteville.
Des nouvelles de toutes sortes arrivent au village ; des femmes habillées en militaires allemands auraient tiré sur des soldats américains…une autre femme aurait tiré sur un groupe de soldats US et sur une tente de la Croix Rouge, des soldats se sont lancés à sa poursuite et l’ont blessée. Elle est soignée à l’hopital américain.
Au milieu de ces tristes nouvelles,un problème important apparaît ; celui du ravitaillement : il n’y a plus de pain.
Une réunion des maires des communes libérées a lieu à Sainte Mère Eglise ; l’armée essaie de ravitailler levillage en épicerie ,mais les deux bateaux de ravitaillement sur lesquels les habitants mettaient leurs espérances ont eté coulés .La commune n’a plus de pain depuis cinq jours. Lesrations d’épicerie pour mai-juin ne sont pas arrivées : leshabitants, rassurés par le succès des opérations militaires s’inquiètent cependant pour la nourriture.
Le mardi 20 juin arrive le premier communiqué officiel : « La 9ème division américaine a coupé la presqu’île du Cotentin, s’emparant de Barneville et de Carteret,prenant les lignes sur une longueur de huit kilomètres ; Barneville est intacte ayant été attaquée à l’improviste :15000 prisonniers, 27000 Allemands pris au piège. »
- Autre nouvelle : « La nouvelle arme du Führer :l’avion qui se dirige sans hommes a été lancé sur l’Angleterre et a fait beaucoup de dégats. »
Le lendemain les habitants sont avisés que Boutteville est rattachée à Blosville pour la distribution du pain,il faut aller chercher les rations sur présentationde la carte d’alimentation : 100 grammes par personne et par jour. Des arrêtés fixant le prix des denrées sont communiqués
Boeuf Achat Prix /Kg vif 17 francs
Vente
1ère qualité Sans os 50francs
2ème qualité id 30 francs
3ème qualité id 20francs
Veau Achat Prix /Kg vif 20 francs
Vente
1ère qualité Sans os 60 francs
2ème qualité id 50 francs
3ème qualité id 20 francs
Porc Achat Prix /Kg vif 40 francs
Vente 68 francs
l’abbattage clandestin est interdit
Lait
Beurre vente 3 francs le litre
60 francs /Kg
Le beurre est collecté dans les usines de Chef du Pont. Chaque cultivateur devra remettre l’excédent de sa consommation à l’usine qui lui traitait son lait ; la reception aura lieu les lundis, mercredis et vendredis de chaque semaine.
Le ravitaillement commence à se faire plus régulièrement, la vie se réorganise , mais c’est toujours le même mouvement de véhicules apportant des renforts : en voyant passer ces soldats, beaucoup d’habitants ont le cœur serré en pensant que beaucoup d’entr’eux ne reverront pas l’Amérique
Pour la première fois le facteur reprend son travail et apporte un pli contenant de nombreux arrêtés pris par le Commisaire Général de la République avec la devise républicaine qui réapparaît en tête de ces arrêtés« LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE ». Tous ces arrêtés sont signés :
« LE COMMISSAIRE REGIONAL DE LA REPUBLIQUE :
Signé P GOULET
Pendant le séjour des militaires au cantonnement, on échange des adresses on distribue même des autographes
Un mois après le débarquement c’est toujours la même circulation intense, d’autant plus intense qu’ un fort contingent part pour délivrer Saint Lô. L’armée Patton qui était cantonnée dans les champs part aussi pour cette région.
Durant cette période de la première moitié de juillet une forte explosion se fait entendre, suivie d’une quantité d’autres détonnations ; cela dure tout l’après-midi et une partie de la soirée : c’est un dépôt de munitions situé à Audouville la Hubertqui a sauté et on ne s’explique pas ce qui a produit cet accident. Le sinistre a été circinscrit vers la fin de la soirée.
Vendredi 14 juillet 1944
Aujourd’hui, le drapeau français flotte au monument aux morts de la guerre 14-18 .Le Maire y dépose un géranium cravatté d’un ruban tricolore. Il n’y a pas d’autre manifestation à Boutteville.
A sainte Marie du Mont se déroule une touchante cérémonie. Le soldat qui était sur le piedestal du monument avait été enlevé du socle par les Allemands lors de leur arrivée en 1940parce que le pied du « Poilu » foulait un aigle. En présence de l’état major américain, il est remis en place sur son socle .La Marseillaise a été chantéepuis le cortège composé des autorités alliées, de la municipalité de Sainte Marie du Mont, des maires des différentes communes, des enfants et des anciens combattants est allé fleurir les tombes ds soldats américains inhumés dans le cimetière de Sainte Marie du Mont.Enfin un vin d’honneur a été servi aux autorités et aux soldats présents.
Les habitants suivent avec attention les diverses péripéties dont la région est le théâtre : Le mercredi 19 juillet le journal de la région « La Presse Cherbourgeoise » annonce la prise de Saint-Lô.
Pour les gens du village ,c’est touours le même va et vient de véhicules partant pour le front ou en revenant.es derniers amènent des soldats en repos dans notre région.
Dans cette petite commune, il y a cinq cuisines sous campement qui alimentent chacune deux mille militaires. Les champs sont couvert de militaires qui s’installent sous les pommiers.ils sont habillés de vêtements neufs etlaissent au pied des haies les habits qu’ils quittent. Après leur départ, les Français qui le souhaitent n’ont qu’à aller les chercher. Cest ainsi que les habitants recueillent des chemises, des camisoles,des pantalons , des souliers, des chaussettes , du savon et même des cigarettes et des allumettes. Les deux mille hommes du « 92ème Remplacement » qui stationnait à Boutteville depuis le début juin partent avec tout leur matériel pour la région de Coutances.
Les agressions sexuelles
« Universitaire américaine, Mary Louise Roberts vient de lever le voile sur un aspect jusqu'ici occulté de la bataille de Normandie : l'attitude d'une partie du corps expéditionnaire américain envers les femmes françaises. Certes, dans leur immense majorité, les GI traitèrent avec respect les populations qu'ils étaient venus libérer. Mais une minorité d'entre eux crurent trop aux préjugés en cours aux Etats-Unis sur la France et les Français.
Pour la presse, pour une partie du commandement, la France était le pays de la bonne vie et du sexe libre. La prostitution était légale et, plus généralement, les femmes françaises avaient la réputation injustifiée de céder facilement aux avances des vainqueurs. Nombre de liaisons entre soldats et jeunes Françaises ne prêtaient à aucune critique. Mais les agressions sexuelles furent fréquentes et les plaintes des autorités civiles françaises nombreuses. Dans les cas extrêmes, 152 fois, il fallut répondre à des accusations de viol formulées par des Françaises à l'encontre de soldats américains. Plusieurs dizaines de GI condamnés par la justice militaire furent pendus.
Ces affaires reflétaient aussi l'une des particularités du corps expéditionnaire : la ségrégation dont étaient victimes les Noirs dans l'armée américaine. La grande majorité des condamnations pour viol frappèrent des soldats afro-américains, alors qu'ils représentaient à peine 10% des effectifs. Pour le commandement, cette surreprésentation confortait un préjugé : les Noirs avaient une sexualité exubérante qui les conduisait au crime.
Mais Mary Louise Roberts montre aussi que les tribunaux militaires américains avaient une fâcheuse tendance à sévir surtout contre les soldats noirs et à traiter avec beaucoup plus de légèreté les mêmes faits quand ils étaient imputés à des soldats blancs. L'analyse des procès révèle que souvent les condamnations des soldats noirs étaient prononcées sans preuves, sur la foi de témoignages contestables. Ainsi, l'armée américaine, qui agissait au nom de valeurs universelles et qui a libéré l'Europe, gardait aussi certaines pratiques dont les Etats-Unis n'allaient se débarrasser que beaucoup plus tard... »
Par Laurent Joffrin
Dans les villages environnants bien après le départ des Américains et même de longues années plus tard des langues se délieront et certains dénonceront ces exactions mais la plupart de ces faits ont été tus à jamais.
Des évènements viennent encore plonger les habitants de la petite commune dans la consternation. Des personnalités bien connues de la région sont arrêtées par le Comité de Résistance Français : on craint que ces vieux républicains ne prennent le commandement d’un mouvement : les opinions politiques ont fait que ces hommes ont fait que pendant toute la durée de l’occupation allemande, ils ont été menacés d’être arrêtés et envoyés en Allemagne. Une protestation rédigée par Monsieur Renaud, maire de Ste Mère Eglise et signée par tous les maires du canton est envoyée aux autorités compétentes.
Des soldats noirs parcourent les champs où étaient campés les soldats et ramassent tous les haits laissés et les brûlent.
Cependant il faut réorganiser la commune. Un conseiller municipal est révoqué pour avoir fait du marché noir. Deux autres conseillers sont décédés.
Trois nouveaux conseillers sont désignés.
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